︎
Au Pays Des Sons
Les mots →exposants sont définits à la fin de l’ouvrage imprimé.
Ici, vous les trouverez définits à la fin de cette page web.
Nous vivons sur une Terre composée de matières et soumise à des lois physiques auxquelles nous ne pouvons pas échapper. La gravité, le spectre lumineux, la température de fusion d’une matière, la pression atmosphérique, la poussée d’Archimède, entre autres.
Alors qu’un mammifère normalement constitué ne cherchera pas trop à s’affranchir de ces principes, le rider →rider, mammifère autrement constitué, cherche à s’en libérer. Comme un oiseau sans ailes voulant voler ; drôle d’animal.
Cet étrange animal se met en danger de manière consciente. Une des raisons à ce comportement est que dans ces instants, il entre en résonance avec son environnement. Il vibre. Pour lui avant tout, mais cette vibration peut être contagieuse et faire vibrer d'autres personnes. Comme les cordes d’un sitar qui résonnent par sympathie.
La résonance par sympathie est un phénomène qui se produit lorsqu’un objet se met à vibrer en réaction avec une onde qui se propage dans l’espace et ayant la même longueur que la sienne. Dans L’Affaire Tournesol, des Aventures de Tintin, Archibald Haddock s’est disputé avec la Castafiore. Pour se consoler celle-ci chante, et l’onde qu’elle produit a la même fréquence que certains objets en verre du château de Moulinsard ; qui vibrent et éclatent.
En réalité l'organe vocal humain ne permet pas de briser le cristal, mais cet exemple nous permet de mieux appréhender ce phénomène ; que l’on trouve dans plusieurs domaines.
En acoustique, la résonance est la propriété d’accroître la dureté ou l’intensité d’un son. En physique, elle correspond à l’augmentation de l’amplitude d’oscillation d’un système physique, on parle de vibration →vibration. Lorsqu’il est excité au voisinage de l’une de ses fréquences propres, un système se met à vibrer, à trembler, s’agiter.
Ce principe s’observe aussi dans l’ingénierie civile. Si un pont entre en résonance, il peut opérer des oscillations verticales, transversales voir même se mettre en torsion. À chaque type de déformation correspond une période précise variant selon le support du tablier et le type de pont.
Une règle militaire existe à ce sujet : il est interdit pour un bataillon de soldats de marcher au pas sur un pont. En 1850, c’est pourtant ce qu’a fait un régiment sur le Pont de la Basse Chaine, à Angers. La répétition en cadence des pas a généré une onde de la même longueur que celle des pierres du pont, qui est entré en résonance, comme le verre dans Tintin, et s’est effondré, entraînant les 266 soldats avec lui.
Un phénomène similaire s’est produit avec le pont suspendu de Tacoma reliant les villes de Tacoma et Artondale, dans l’état de Washington, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Seattle. Inauguré le 1er juillet 1940, cet ouvrage se comporteait étrangement et avait tendance à osciller par moments. Le 7 novembre 1940, des vents de 60 à 80km/h s'abattent sur le pont et génèrent des tourbillons d’une fréquence équivalente à la fréquence propre du pont le mettant en torsion de manière spectaculaire et provoquent sa chute.
Le skate est, à mon sens, une manière de vibrer, de me mettre dans l’état d’une molécule excitée et stimulante au milieu de la foule.
Au détour d’une balade ou en pleine session →session , je passe entre des humains, des animaux, des plantes, des êtres qui m’entourent. Certains sont indifférents à mon passage, certains intrigués, d’autres agacés. Tous les goûts sont dans la nature. Cependant, il en est un qui réagit de manière presque systématique : le chien. Ce quadrupède aux proportions, poils et caractère variés, reste à l’écoute de ses sens, il me ressent, m’observe un temps puis réagit. Il aboie. Les petits chiens sont souvent les plus nerveux et les plus irritables.
Comment se fait-il que les chiens réagissent si souvent à mon passage ?
Les animaux domestiqués et sauvages semblent aiguiser toute leur vie leurs sens et y sont à l’écoute. Passé l’enfance, certains humains semblent les oublier, y prêtent moins attention ou les oublient. Ce n’est pas le cas de tous heureusement.
Le chien, comme l’humain, est habitué à son environnement, son ensoleillement, ses matières, ses sons, les êtres qu’il croise, etc.
Généralement, le son se diffuse de manière multidirectionnelle ; par l’air mais surtout par le contact avec la matière. Plus le matériau est dense et dur, plus le son se propage efficacement. Le contact du skater avec le sol est optimisé par le poids de son corps qui presse les roues et leurs roulements sur le sol. Lancé à toute vitesse sur un sol en béton, il fait donc un boucan d’enfer qui s’entend et se ressent.
Les ondes perturbent l’équilibre naturel du petit chien. Ses coussinets ne sont pas aussi isolants que nos chaussures aux semelles en caoutchouc, il ressent ma présence, par le sol, avant même que je ne sois à côté de lui. Ses courtes pattes rapprochent sa tête et ses oreilles du sol, le son qu’il perçoit est donc largement plus intense et j’imagine qu’il aboie pour cette raison. Les fréquences n’entrent pas vraiment en résonance avec lui, comme une sorte d’harmonie, mais comme quelque chose de désagréable et peut-être comme la possibilité d'un danger imminent ?
* Glossaire *
Aum : Aum est une syllabe sanskrite que l’on trouve, entre autres dans les croyances bouddhistes, hindouistes. Il est le mantra primordial, aussi appelé vibration vitale. Il vient des phonèmes A, U et M. Le A représente la veille, le U le rêve, et le M le sommeil. Cette syllabe serait la substance son de l’Univers.
Pesanteur : En physique, la pesanteur est l'application de la force d'attraction terrestre à un corps ; la résultante des forces exercées sur un corps par un astre en son voisinage. Le sens figuré désigne le poids d'un objet ou d'une situation.
Rider : Un rider est une personne qui ride. En anglais un rider est une personne qui se déplace grâce à un animal ou un objet. La traduction directe de ride est « promenade ». Un rider est une personne qui se déplace en se promenant.
Session : En droit, une session est une période pendant laquelle une assemblée délibérante tient séance. Dans ces sports, une session est le temps pendant lequel, les riders, pratiquent de manière libre.
Vibration : En physique, la vibration est un mouvement autour d’une position d’équilibre des particules.
Alors qu’un mammifère normalement constitué ne cherchera pas trop à s’affranchir de ces principes, le rider →rider, mammifère autrement constitué, cherche à s’en libérer. Comme un oiseau sans ailes voulant voler ; drôle d’animal.
Cet étrange animal se met en danger de manière consciente. Une des raisons à ce comportement est que dans ces instants, il entre en résonance avec son environnement. Il vibre. Pour lui avant tout, mais cette vibration peut être contagieuse et faire vibrer d'autres personnes. Comme les cordes d’un sitar qui résonnent par sympathie.
La résonance par sympathie est un phénomène qui se produit lorsqu’un objet se met à vibrer en réaction avec une onde qui se propage dans l’espace et ayant la même longueur que la sienne. Dans L’Affaire Tournesol, des Aventures de Tintin, Archibald Haddock s’est disputé avec la Castafiore. Pour se consoler celle-ci chante, et l’onde qu’elle produit a la même fréquence que certains objets en verre du château de Moulinsard ; qui vibrent et éclatent.
En réalité l'organe vocal humain ne permet pas de briser le cristal, mais cet exemple nous permet de mieux appréhender ce phénomène ; que l’on trouve dans plusieurs domaines.
En acoustique, la résonance est la propriété d’accroître la dureté ou l’intensité d’un son. En physique, elle correspond à l’augmentation de l’amplitude d’oscillation d’un système physique, on parle de vibration →vibration. Lorsqu’il est excité au voisinage de l’une de ses fréquences propres, un système se met à vibrer, à trembler, s’agiter.
Ce principe s’observe aussi dans l’ingénierie civile. Si un pont entre en résonance, il peut opérer des oscillations verticales, transversales voir même se mettre en torsion. À chaque type de déformation correspond une période précise variant selon le support du tablier et le type de pont.
Une règle militaire existe à ce sujet : il est interdit pour un bataillon de soldats de marcher au pas sur un pont. En 1850, c’est pourtant ce qu’a fait un régiment sur le Pont de la Basse Chaine, à Angers. La répétition en cadence des pas a généré une onde de la même longueur que celle des pierres du pont, qui est entré en résonance, comme le verre dans Tintin, et s’est effondré, entraînant les 266 soldats avec lui.
Un phénomène similaire s’est produit avec le pont suspendu de Tacoma reliant les villes de Tacoma et Artondale, dans l’état de Washington, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Seattle. Inauguré le 1er juillet 1940, cet ouvrage se comporteait étrangement et avait tendance à osciller par moments. Le 7 novembre 1940, des vents de 60 à 80km/h s'abattent sur le pont et génèrent des tourbillons d’une fréquence équivalente à la fréquence propre du pont le mettant en torsion de manière spectaculaire et provoquent sa chute.
Le skate est, à mon sens, une manière de vibrer, de me mettre dans l’état d’une molécule excitée et stimulante au milieu de la foule.
***
Au détour d’une balade ou en pleine session →session , je passe entre des humains, des animaux, des plantes, des êtres qui m’entourent. Certains sont indifférents à mon passage, certains intrigués, d’autres agacés. Tous les goûts sont dans la nature. Cependant, il en est un qui réagit de manière presque systématique : le chien. Ce quadrupède aux proportions, poils et caractère variés, reste à l’écoute de ses sens, il me ressent, m’observe un temps puis réagit. Il aboie. Les petits chiens sont souvent les plus nerveux et les plus irritables.
Comment se fait-il que les chiens réagissent si souvent à mon passage ?
Les animaux domestiqués et sauvages semblent aiguiser toute leur vie leurs sens et y sont à l’écoute. Passé l’enfance, certains humains semblent les oublier, y prêtent moins attention ou les oublient. Ce n’est pas le cas de tous heureusement.
Le chien, comme l’humain, est habitué à son environnement, son ensoleillement, ses matières, ses sons, les êtres qu’il croise, etc.
Généralement, le son se diffuse de manière multidirectionnelle ; par l’air mais surtout par le contact avec la matière. Plus le matériau est dense et dur, plus le son se propage efficacement. Le contact du skater avec le sol est optimisé par le poids de son corps qui presse les roues et leurs roulements sur le sol. Lancé à toute vitesse sur un sol en béton, il fait donc un boucan d’enfer qui s’entend et se ressent.
Les ondes perturbent l’équilibre naturel du petit chien. Ses coussinets ne sont pas aussi isolants que nos chaussures aux semelles en caoutchouc, il ressent ma présence, par le sol, avant même que je ne sois à côté de lui. Ses courtes pattes rapprochent sa tête et ses oreilles du sol, le son qu’il perçoit est donc largement plus intense et j’imagine qu’il aboie pour cette raison. Les fréquences n’entrent pas vraiment en résonance avec lui, comme une sorte d’harmonie, mais comme quelque chose de désagréable et peut-être comme la possibilité d'un danger imminent ?
* Glossaire *
Aum : Aum est une syllabe sanskrite que l’on trouve, entre autres dans les croyances bouddhistes, hindouistes. Il est le mantra primordial, aussi appelé vibration vitale. Il vient des phonèmes A, U et M. Le A représente la veille, le U le rêve, et le M le sommeil. Cette syllabe serait la substance son de l’Univers.
Pesanteur : En physique, la pesanteur est l'application de la force d'attraction terrestre à un corps ; la résultante des forces exercées sur un corps par un astre en son voisinage. Le sens figuré désigne le poids d'un objet ou d'une situation.
Rider : Un rider est une personne qui ride. En anglais un rider est une personne qui se déplace grâce à un animal ou un objet. La traduction directe de ride est « promenade ». Un rider est une personne qui se déplace en se promenant.
Session : En droit, une session est une période pendant laquelle une assemblée délibérante tient séance. Dans ces sports, une session est le temps pendant lequel, les riders, pratiquent de manière libre.
Vibration : En physique, la vibration est un mouvement autour d’une position d’équilibre des particules.
Il existe des situations où la résonance est agréable. Lorsque d'une glissade sur un module, les impacts font remonter les vibrations jusqu’à la partie supérieure du corps. Je me mets à la fréquence de ce module qui résonne physiquement dans mes chevilles, remonte aux genoux se ressent dans les cuisses et le haut du bassin.
Pour le philosophe Hartmut Rosa, la résonance est un état d’écoute et d’entente d’une autre voix avec laquelle on se met en relation. Ce sociologue et philosophe étudie le projet de modernité de nos sociétés, qui vise à rendre le monde prévisible et disponible par le progrès technologique. Le moteur d’avancée de ce système est l’accélération. L’accélération des rendements, de la disponibilité des objets et des personnes. Pour entretenir le progrès, il faut entretenir l’accélération. Pour entretenir l'accélération, il faut convertir les besoins du système en besoins personnels de ceux qui l’habitent.
Ce rythme de croissance et d’accélération crée un rapport de dualité entre l’intérieur et l’extérieur : tout ce qui est différent de moi est indisponible et représente un obstacle à effacer, avec lequel je ne suis pas en résonance.
Quels sont les moments où j’entre en résonance avec le monde ?
À ce sujet Hartmut Rosa, débute son livre Résonance, une sociologie de la relation au monde par étudier les relations corporelles et la place que l’on occupe dans le monde.
« Une analyse des différentes manières dont les hommes entrent en relation avec le monde, en font l’expérience et le perçoivent, y agissent et s’y orientent, doit nécessairement commencer par le corps. La réponse la plus évidente et la plus élémentaire à la question comment sommes-nous placés dans le monde ? est : sur nos pieds. »
Nous le sommes toute la journée. Même assis, nos pieds nous permettent d’établir une relation avec la Terre. Le sol est stable. C’est un élément solide que l’on connait par une expérience quotidienne de la pesanteur →pesanteur depuis un très jeune âge.
Le rapport entre nos pieds et le monde est différent, que nos pieds soient nus ou chaussés. Si la Terre peut offrir au pied nu un contact réactif, dur, froid, râpeux, ou bien doux, moelleux et chaud, les semelles amortissantes de nos chaussures sont moins efficaces pour transmettre ces sensations. Une fois chaussés, les signaux reçus par nos pieds sont affaiblis. L’être humain est un mammifère qui s’habitue à son environnement. Avec le temps, il est possible que notre relation avec le sol s'appauvrisse. Tant que nous nous trouvons dans une situation de stabilité, nous prêtons moins attention à cette relation.
Dès que le sol devient irrégulier ou douteux, notre réflexe animal nous fait reconsidérer cet élément. En forêt par exemple, le sol est une zone stable mais irrégulière à laquelle nous prêtons attention, et qui nous renvoie des signaux. Ici le terrain est pentu, plus loin, il bifurque et à mes pieds se trouvent une racine et des cailloux. L'attention au sol permet de se laisser surprendre par des découvertes : un nouveau chemin, la présence d’un terrier ou d’une variété de fleur nouvelle.
En marchant avec cette qualité d’attention, nous nous promenons. Se promener est un moyen de déployer l’imaginaire, se laisser surprendre par les détours d’un chemin et fait naître des moments d’attention flottante qui rendent possible la rêverie.
De retour en ville, si entre les strates sûres de nos chaussures et du sol, nous intercalons une strate instable, notre cerveau est amené à reconsidérer les relations et la nature des espaces stables et instables. Penser avec ses pieds peut être l’occasion d’être surpris et redécouvrir la sensation du toucher par les pieds ; et par la même occasion transformer notre relation avec le béton lisse ou granuleux que l’on foule. La ville devient un espace actif, vibrant, avec lequel il est possible d’entrer en résonance.
Dès lors, le poids et le son des objets deviennent des indices de compréhension de l'espace environnant. Skater n'est plus la simple action de faire une galipette en roulant, mais renvoit à un état de concentration ; un instant de plénitude, de clairvoyance. Cette sensation n'est pas exclusive aux sports de glisse. Ces principes d'attention, de tranquillité sont d'ailleurs utilisés dans certains exercices de méditation de plusieurs croyances orientales – l'hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, entre autres – utilisent le Aum →Aum, « la vibration primitive divine », pour entrer en résonance avec le monde.
![]()
Giacomo Balla, Dynamisme d’un chien en laisse.
90,8 × 110 cm, huile sur toile, 1912.
Pour le philosophe Hartmut Rosa, la résonance est un état d’écoute et d’entente d’une autre voix avec laquelle on se met en relation. Ce sociologue et philosophe étudie le projet de modernité de nos sociétés, qui vise à rendre le monde prévisible et disponible par le progrès technologique. Le moteur d’avancée de ce système est l’accélération. L’accélération des rendements, de la disponibilité des objets et des personnes. Pour entretenir le progrès, il faut entretenir l’accélération. Pour entretenir l'accélération, il faut convertir les besoins du système en besoins personnels de ceux qui l’habitent.
Ce rythme de croissance et d’accélération crée un rapport de dualité entre l’intérieur et l’extérieur : tout ce qui est différent de moi est indisponible et représente un obstacle à effacer, avec lequel je ne suis pas en résonance.
Quels sont les moments où j’entre en résonance avec le monde ?
À ce sujet Hartmut Rosa, débute son livre Résonance, une sociologie de la relation au monde par étudier les relations corporelles et la place que l’on occupe dans le monde.
« Une analyse des différentes manières dont les hommes entrent en relation avec le monde, en font l’expérience et le perçoivent, y agissent et s’y orientent, doit nécessairement commencer par le corps. La réponse la plus évidente et la plus élémentaire à la question comment sommes-nous placés dans le monde ? est : sur nos pieds. »
Nous le sommes toute la journée. Même assis, nos pieds nous permettent d’établir une relation avec la Terre. Le sol est stable. C’est un élément solide que l’on connait par une expérience quotidienne de la pesanteur →pesanteur depuis un très jeune âge.
Le rapport entre nos pieds et le monde est différent, que nos pieds soient nus ou chaussés. Si la Terre peut offrir au pied nu un contact réactif, dur, froid, râpeux, ou bien doux, moelleux et chaud, les semelles amortissantes de nos chaussures sont moins efficaces pour transmettre ces sensations. Une fois chaussés, les signaux reçus par nos pieds sont affaiblis. L’être humain est un mammifère qui s’habitue à son environnement. Avec le temps, il est possible que notre relation avec le sol s'appauvrisse. Tant que nous nous trouvons dans une situation de stabilité, nous prêtons moins attention à cette relation.
Dès que le sol devient irrégulier ou douteux, notre réflexe animal nous fait reconsidérer cet élément. En forêt par exemple, le sol est une zone stable mais irrégulière à laquelle nous prêtons attention, et qui nous renvoie des signaux. Ici le terrain est pentu, plus loin, il bifurque et à mes pieds se trouvent une racine et des cailloux. L'attention au sol permet de se laisser surprendre par des découvertes : un nouveau chemin, la présence d’un terrier ou d’une variété de fleur nouvelle.
En marchant avec cette qualité d’attention, nous nous promenons. Se promener est un moyen de déployer l’imaginaire, se laisser surprendre par les détours d’un chemin et fait naître des moments d’attention flottante qui rendent possible la rêverie.
De retour en ville, si entre les strates sûres de nos chaussures et du sol, nous intercalons une strate instable, notre cerveau est amené à reconsidérer les relations et la nature des espaces stables et instables. Penser avec ses pieds peut être l’occasion d’être surpris et redécouvrir la sensation du toucher par les pieds ; et par la même occasion transformer notre relation avec le béton lisse ou granuleux que l’on foule. La ville devient un espace actif, vibrant, avec lequel il est possible d’entrer en résonance.
Dès lors, le poids et le son des objets deviennent des indices de compréhension de l'espace environnant. Skater n'est plus la simple action de faire une galipette en roulant, mais renvoit à un état de concentration ; un instant de plénitude, de clairvoyance. Cette sensation n'est pas exclusive aux sports de glisse. Ces principes d'attention, de tranquillité sont d'ailleurs utilisés dans certains exercices de méditation de plusieurs croyances orientales – l'hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, entre autres – utilisent le Aum →Aum, « la vibration primitive divine », pour entrer en résonance avec le monde.
Giacomo Balla, Dynamisme d’un chien en laisse.
90,8 × 110 cm, huile sur toile, 1912.